Ce qui est merveilleux chez l’être humain, c’est sa capacité fantastique pour l’adaptation. Il a pour cela un mode d’apprentissage par palier ou collectivement par révolutions. Il absorbe quantité d’information jusqu’à ce qu’il soit assez mûr pour consolider et monter d’un cran sur l’échelle de la connaissance, puis celle de la compétence. (Voir les recherches sur l’apprentissage des enfants par Maria Montessori : en association de sa philosophie avec l’informatique)

Notre dernier siècle a été fortement marqué par des révolutions qui ont modifié notre art de produire, de consommer, d’apprendre, de socialiser, bref ; de vivre. (Révolution industriellerévolution financière, révolution sociale, ..)

Ce sont des paliers qui ont apporté des transformations notoires dans notre manière d’évoluer, de cohabiter et d’appréhender le futur. Cela a aussi apporté une complexification de notre environnement et, par effet de bord, une centralisation sur des fondamentaux que sont les individus et les informations qu’ils absorbent, traitent et restituent, ainsi que les outils qui en permettent l’usage.

Cette complexification de notre environnement au sens large du terme : humain, politique, financier, sociale, technique, .., a globalement apporté une maturité d’appréhension d’environnement.

En dehors d’aspects académique, nous n’apprenons plus par cœur pour reproduire de façon mathématique, nous nous laissons influencer, nous nous mettons en situation d’absorber, nous comprenons sans pouvoir transcrire par des équations, comme Roomba. Ces nouveaux comportements d’usage et d’assimilation de l’information sont des clefs pour comprendre les problématiques que nos organisations rencontrent aujourd’hui.

  • Je préfère gagner du temps en classant mes informations au minimum, et j’utilise un moteur de recherche, je fais cela pour le mail et pour mes fichiers,
  • J’utilise la folksonomie plutôt qu’une taxonomie,
  • J’utilise plusieurs silos d’informations et de contacts, et les utilisent de façons intuitive en fonction de mes besoins,
  • Je garde de moins en moins des informations éventuellement pertinentes, et sollicite Google de plus en plus,
  • Mes applications principales sont Firefox 60% Powerpoint 20% Word 10%,
  • Par mon navigateur j’accède à plus de 40 « applications » de façon régulière,

Du coup,

  • Nous devenons moins rigoureux, plus intuitif, plus fugace face à l’information,
  • Nous développons notre capacité à nous adapter, à saisir les « Tweet » qui nous servent sur le moment,
  • Pour nous aider, nous nous regroupons en communauté avec ou sans animateur de communauté,
  • Et les volumes d’information explosent, parce que nous produisons aussi encore plus, et encore plus d’information volatile, nous installons encore plus d’outils, de gestion électronique de document, de site collaboratif, de data warehouse, de workflow pour nous aider, …
  • Et nous perdons quelque part de plus en plus notre maitrise de l’information, ceci devient dramatique pour nos organisations, pour qui l’information est une valeur critique.

La révolution que nous vivons actuellement est informationnelle, nous sommes des enfants gâtés par tant de possibilités d’accéder à l’information que nos usages deviennent volontairement incontrôlables. Tout comme l’information devient incontrôlable. Elle est volatile, elle peut faire le tour du monde en quelque seconde. Sans maitrise, qu’en est-il de notre image ou de celle de nos entreprises.

Le client est un roi intelligent et capricieux, il ne subit plus, il est volatile, …. L’entreprise doit donner encore plus de qualitatif, une image forte, une connaissance fine de ses clients.(Voir la montée en puissance d’un nouveau rôle : Community Manager)

Difficile à faire si ses employés ne maitrisent pas ou peu son information de plus en plus diffuse et volumineuse. (Réflexions sur le dirigeant et l’entreprise 2.0)

Nous commençons à peine à en prendre conscience : comment peut-on arriver à contrôler quelques 35 millions de zettabytes (1 avec 21 zéros derrière) dans quelques années ?  (une estimation de Mark Liberman donne à 42 zettabytes le volume cumulé de nos échanges voix converti en MP3)

  • On ne contrôle rien (officiellement ou officieusement) :
    • Ce serait une bonne nouvelle de science fiction …,
  • On contrôle le strict minimum :
    • Comment définir ce strict minimum ?,
  • Chacun contrôle à sa porte :
    • Comment homogénéiser la responsabilité de « chacun » et la compétence pour faire cela, les « community manager » peuvent aider, .. un peu.
  • On contrôle à la génération de l’information :
    • L’information devient auto porteuse de ses règles.

Je pense résolument que nous nous dirigerons progressivement vers un contrôle à la source du cycle de vie de l’information. Ceci en modélisant et normalisant l’information qui encapsulera des mécanismes de contrôle ou de valorisation, et qui pourra assumer ses propres transformations tout au long de son cycle de vie.Ceci sera possible notamment lorsque nos organisations auront finalisées la mise en place de leurs instances de gouvernance de l’information.

Ce sera la révolution de ce que j’appellerai l’Information Autonome Intelligente  (IAI).

Nous en sommes pas si loin, peut être une solution pourra prendre la forme de l’initiative de Tim Berners-Lee sur le Linkeddata?